Fête [ Pour les agents du FBI & leur famille ]

Aaron enlaça Tasha, posant sa tête contre son épaule, enroula ses bras autour de sa petite taille. Il ne pouvait exprimer ce qu'il ressentait, il était tellement heureux. Et dire qu'il allait être pour la seconde fois papa. Il ne pouvait être plus heureux que maintenant. Il repensa au moment où il avait tenu Jack dans ses bras pour la toute première fois, comment il se sentait ce jour là : il avait eu, comme tous les papas, une certaine crainte au départ, mais tout s'est très vite apaiser, maintenant il savait comment se comporter avec un nouveau né et surtout il pourrait rassurer Tasha qui n'a encore jamais vécu cette expérience.

Il posa son regard sur Jack qui s'amusait encore avec Henry. Bientôt il allait devoir lui annoncer qu'il aurait un petit frère ou une petite soeur. Il sourit et pensa à la réaction qu'il aurait quand il lui annoncerait cette bonne nouvelle.

Il prolongea le baiser de Natasha et ils repartirent tous les deux, main dans la main, à la petite réception.

Tu en es sûr depuis combien de temps ?

Ils se rapprochaient lentement des personnes qui faisaient que le Département était sur pied. Natasha réfléchit quelques secondes ; depuis combien de temps savait-elle qu'elle était enceinte ? Selon elle, une éternité !

Un peu plus d'une semaine...

Oui, c'était ça. En réalité, elle l'avait su la dernière fois qu'elle avait du se rendre à l'hôpital quelques jours après une prise de sang ; les médecins avaient déceler une petite trace de cet embryon, mais il était alors trop tôt pour en être sûr, et ils lui avaient demandé de revenir pour vérification. Elle se rappelait du choc lorsqu'ils le lui avaient annoncé - bien qu'elle s'en doutait puisqu'elle avait un peu trop de migraine et quelques nausées et ce n'était probablement pas dû à la cuisine qu'elle faisait - et de l'angoisse qu'elle avait depuis.

J'aurai dû te le dire plus tôt...

Ce n'était ni une question, ni une remarque destinée à Aaron. Plutôt un reproche qu'elle se faisait. Elle se rendait compte qu'elle était extrêmement nerveuse et s'angoissait vraiment pour tout et n'importe quoi. Surtout pour n'importe quoi.

Ils continuaient de marcher tout doucement jusqu'à ce qu'ils soient revenus au lieu principal de la fête. Le couple parlait un ton plus bas : ils n'allaient pas l'annoncer au reste de l'équipe pour le moment, ça devait rester encore secret quelques temps.

Non ça ne fait rien, l'important c'est que tu me l'ai dit, peu importe le moment ou l'endroit. Tu devais être un peu angoissée, et c'est tout à fait normal.

Aaron devait être présent pour elle à n'importe quel moment que ce soit pour la rassurer, pour lui donner des conseils, pour tout lui expliquer. Et bien sûr, maintenant qu'il avait appris qu'elle était enceinte, elle devrait rester plus souvent au bureau. Il ne voudrait pas lui faire courir un risque, que ce soit pour elle ou pour le bébé... pour Leur bébé.

Il enlaça la jeune femme collant sa joue contra la sienne et lui murmura à son oreille :

Je serai là, tout ira bien.

Elle eut un léger rire ; un peu nerveuse ? Il était gentil ! Terriblement anxieuse, dévorée par la peur, paralysée par l'angoisse, terrorisée conviendraient sans doute un peu mieux. Mais elle ne répondit pas, restant simplement collée contre ce torse chaud et rassurant contre lequel elle aimait se pelotonner. Natasha posa une main sur celles d'Aaron, jouant avec une mèche de l'autre.

Je l'espère...

Elle avait presque murmuré cette phrase, encore un peu anxieuse quant à tout ce qui l'attendait dans les mois - et même, années ! qui allaient suivre, mais elle essayait, tant bien que mal, de ne plus y penser. Contrairement à Hotch, elle avait du mal à cacher ses sentiments, et lorsqu'elle était nerveuse, tout le monde le voyait très vite. Elle tourna la tête et déposa un baiser sur la joue d'Aaron, profitant de ce rare moment où il était plus ouvert aux câlins devant autant de monde. Car, même si tous étaient à présents au courant, ils continuaient d'éviter de paraître trop proche pour ne pas s'attirer les foudres de Strauss - même si, il fallait l'avouer, Strauss n'avait pas besoin de ça pour trouver des poux dans la tête de chacun de ses profilers.

« Dîtes-moi, qu'est-ce que vous pensez de cette fête ? »

L'agent Green la sortit de ses pensées. En fait, Juliette regardait les invités, leurs costumes et leurs robes, les voyaient se parler et rigoler entre eux. Puis, lassée de voir ce monde qui paraissait parfait, elle avait fini par se retrouver le regard dans le vide, écoutant juste ce qu'il se passait autour d'elle. Ce qu'elle pensait de cette soirée ? Pas grand chose à vrai dire. Elle attrapa deux coupes remplies de champagne et en tendit une à sa collègue.

« Je crois que c'est une bonne idée : c'est pour prouver l'importance du FBI après tout. Je ne viens que d'entrer dans ce monde, et franchement, je ne connais pas encore assez de personnes pour me sentir épanouie. On voit très bien que les gens se connaissent, il suffit de regarder les groupes se former. Là, son visage se tourna vers les invités, tous rassemblés chacun de leur côté. Puis elle se retourna vers Hailey, continuant son explication. Mais pour les personnes, comme vous et moi, qui ne connaissent même pas leur propre équipe, je trouve que c'est assez prématuré pour venir à une cérémonie comme celle-ci... »

La stagiaire but une gorgée de sa boisson. Oui, elle voyait cette soirée comme une cérémonie, ou alors une réception, mais pas une fête. Pour ne pas laisser le silence s'installer entre les deux, elle questionna son interlocutrice :

« Et vous, qu'est-ce que vous en pensez ? »

[Excuse-moi pour le retard u_u.]

Hailey écouta l'avis de Juliette avec un grand intérêt tout en observant la foule. Son interlocutrice lui tendit une autre coupe de champagne qu'elle accepta à contrecœur, elle aimait le champagne mais avait peur de ne pas pouvoir s'arrêter. Avoir déjà vu son père saoul après qu'elle ai tragiquement « perdu » sa mère l'avait quelque peu marquée, elle espérait juste ne jamais se retrouver dans le même état que lui à ce moment … Hailey porta la coupe à sa bouche et avala une gorgée tout en écoutant ce que Juliette lui répondait. Puis, à la fin du discours de cette dernière, un silence s'installa. Juliette, qui avait fini de parler depuis un bon quart d'heure, lui retourna alors la question. Hailey avala une autre gorgée de champagne avant de répondre.

« C'est accueillant, c'est chaleureux … ça pourrait être amusant, oui. Mais c'est bien différent d'une fête. Je suis d'accord avec vous … nous qui sommes nouvelles ne nous sommes pas encore habituées à cet environnement et à ceux qui le partagent tous les jours, je me sens comme mal à l'aise ici. Je n'ai pas encore travaillé sur une affaire en tant que profiler, j'ai un peu travaillé à partir de photos de scènes de crime, et je n'ai jamais apprécié ce que j'y ai vu, néanmoins, j'imagine que tout le monde ici préfèrerait oublier ce qu'on peut voir sur les scènes de crime, et pour oublier les horreurs de ce travail, on va fêter son 102e anniversaire ? Excusez-moi si je trouve ça un peu ironique. Elle bu une autre gorgée. A vrai dire … si je connais quelques personnes, mais je ne les ai pas encore vu. Jennifer Jareau et Sarah Morgan par exemple, elles sont venues me voir à mon arrivée et m'ont souhaité la bienvenue, mais je ne les ai pas encore vu dans cette foule. »

Elle scruta les invités sans vraiment y chercher qui que ce soit, elle aurait vraiment voulu les voir, mais Hailey ne voulait pas bouger de là où elle se trouvait, elle aimait discuter avec Juliette.

Si ça continuait - et les chances que ça continue n’arrêtaient pas d’augmenter ! - les deux amis allaient finir par se crier dessus, ce qui n’était pas des plus discrets. Il avait fait la triste expérience de leur dispute (assez logique vu que c’était LEUR dispute), et franchement, si vous ne voulez pas être sourd, il vaut mieux rester hors d’un périmètre de sécurité de 50 mètres. Il fit mine de se vexer, fixant le sol. Mais quand il releva les yeux, elle n’était plus là. Il la vit revenir quelques secondes plus tard, trois coupes de champagne en main. Elle lui en tendit une qu’il saisit, avant qu’elle ne boive les deux autres. Il la fixa, rendant les armes, avant de boire une gorgée de la boisson qu’il tenait en main. Levant les yeux au ciel à sa remarque, il la fixa sévèrement.

Etant donné que je me méfie, je dirai que si tu passes les dix coupes, je te ramènerai. Que ça soit clair : ce n'est pas un prétexte pour que tu reprennes du champagne !

Alors que j'avais finis mes deux coupes d'un seul coup, Spencer ne bu qu'une gorgée de la sienne. Tellement différents et pourtant tellement complémentaires .... Je faillis éclater de rire lorsque je le vis me fixer sévèrement après avoir levé les yeux au ciel. Il me dit :

- Étant donné que je me méfie, je dirai que si tu passes les dix coupes, je te ramènerai. Que ça soit clair : ce n'est pas un prétexte pour que tu reprennes du champagne !

Dix coupes ... c'était faisable ! Et je n'allais pas me prier pour boire cette boisson de luxe. Avec le sourire au lèvre, je reparti me chercher trois autre coupes de champagnes juste parce que je savais qu'il se sentirai obligé de me ramener et que je n'attendais que ça. Je bus les trois coupes d'un coup juste devant lui avant de lui dire :

- J'en suis déjà à la moitié ! Prépare-toi à me raccompagner Spencer, ce ne serait pas la première fois d'ailleurs ...

En effet, lorsque que j'étais encore à Las Vegas, il n'était pas rare que l'on trouve dans les magazines des photos de moi complètement bourrée. Dans ces moments là, Spencer m'avait toujours raccompagnée bien que la plupart du temps je ne m'en sois pas souvenue ...

Il grimaça en la voyant aller rechercher trois autres coupes. Lui, toujours avec son premier verre, lui lança un regard vide, comme si l’astuce lui échappait. Comment faisait-elle pour boire autant sans tomber raide morte au bout de deux verres ? Il fallait l’avouer, c’était son expérience personnelle, ça. Il n’était pas très résistant à l’alcool, c’est pourquoi il n’en bois pas souvent. La voyant vider les trois verres, ses yeux s’écarquillèrent, et il sembla en proie à une grande peur, alors qu’il riait bien. Tant qu’il ne devait pas carrément la traîner jusque la voiture, il ne broncherait pas.

Pas la première fois… Dis-moi, t’est-il arrivé d’être à côté moi sans être saoule ? Je vais commencer à croire que c’est de ma faute !

C’était faux, elle n’était pas toujours ivre quand il était là ; mais il voulait la faire arrêter. Il but une autre gorgée de champagne, avant de fixer son amie sans un mot, pinçant les lèvres.

Sacré Spencer, il me faisait presque de la peine avec sa petite coupe de champagne à moitié remplie. Mais c'est vrai qu'il n'avais jamais vraiment bien tenu l'alcool, il était plutôt celui qui ne buvait pas pour raccompagner les autres : c'est à dire moi ^^. Il me dit, une expression bizarre sur le visage :

- Pas la première fois… Dis-moi, t’est-il arrivé d’être à côté moi sans être saoule ? Je vais commencer à croire que c’est de ma faute !

Je regardai les cinq coupes de champagnes vides que j'avais posée sur la table près de moi. C'est vrai que souvent il m'arrivait de boire un peu trop, mais c'est la jeunesse ça qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Nostalgique, je répondis à mon ancien meilleur ami :

- C'est faux, je ne suis pas tout le temps bourrée ! Tu ne te rappelles pas nos balades près du lac, là on nous avons pris nos fameuses photos fétiches ?

Il lui sourit, pour lui rendre sa gaieté habituelle.

Je m’en souviens.

Ironique, quand on a une mémoire eidétique… Mais réellement, il s’était bien amusé ce jour-là, et même s’il n’avait pas eu sa grande mémoire, il s’en serait aussi souvenu, il en était certain. Cela dit, s’il n’avait pas eu sa mémoire, il n’aurait pas eu son intelligence, Tahanie ne l’aurait pas pris sous son aile, ils n’auraient jamais été aussi proches, il n’aurait pas fait cette balade, ni pris ses photos. Oui, il pensait à tout ça rien qu’en se disant que c’était ironique de dire ça quand on a une mémoire eidétique. Soupirant, il savait à quels risques cette même intelligence pouvait amener, et ça, même son amie le savait. La peur de soi. Quelque chose que quelqu’un de « normalement constitué » trouverait assez dénué de sens, mais lui, tout comme Julie, par exemple, savait tout à fait à quoi ça pouvait amener. A un suicide. Ou à une dépression. Il avait failli mourir, lui aussi, d’overdose, et pourtant ! Il était encore là aujourd’hui, grâce à l’aide d’amis. Ce qui faisait que les "génies" n’étaient pas en voie d’extinction, c’était le fait qu’ils avaient des gens sur qui compter…

Maintenant qu'ils avaient rejoint tout le monde, Natasha et Aaron avaient cessé de parler. Elle était restée blottie dans ses bras, son regard gris survolant toutes les personnes aux alentours. Elle arqua un sourcil en voyant qu'Edward était toujours tout seul, dans son coin. Elle se détacha de l'étreinte d'Aaron lentement.

Je reviens, lui dit-elle avec un sourire.

Elle se dirigea ensuite doucement vers son ancien petit-ami. Depuis qu'ils étaient arrivés à la fête, à part pour se saluer, ils n'avaient échangé aucune parole, et Natasha le connaissait assez pour savoir que ce n'était pas dans ses habitudes. Parvenue à sa hauteur, elle se plaça à ses côtés et attendit quelques minutes avant de prendre la parole :

Le Grand Edward Windel fait bande à part ce soir ? Ca ne te ressemble pas.

Elle tourna la tête vers lui, prête à le taquiner sur sa qualité de charmeur invétéré. Ce n'était pas dans son caractère, d'être ainsi, mais Edward lui avait lancé le bâton, plusieurs jours auparavant, lorsqu'ils s'étaient revus, et elle ne pouvait raté une occasion comme celle-ci.

J'ai l'habitude de te voir entouré d'une multitude de jeunes femmes agglutinées à chacun de tes sourires... Qu'est-ce qu'il se passe pour que ce soir, tu restes dans ton coin ?

D'un côté, qu'aucune femme soit collée à Edward ne la dérangeait pas. Non pas qu'elle soit jalouse - elle l'avait été, n'avait pas hésiter à montrer les dents lorsqu'une femme séduisante s'approchait d'Edward et que ce dernier lui offrait ses sourires - elle ne savait pas vraiment pourquoi elle réagissait ainsi avec lui alors qu'aujourd'hui, elle n'éprouvait plus rien pour le jeune homme.

En disant ça, je me rendis compte à quel point il était ridicule de demander à Spencer s'il se souvenait d'un évènement. Avec sa mémoire, il était évident qu'il se souvenait de tout ce qui se passait. Mais moi, qui était tout à fait banale, je me souvenais aussi très bien de ces moments de joie passés avec lui. Nous étions si bien tout les deux, c'était vraiment l'une des seules personnes à qui je faisait réellement confiance. Je me rappelais très bien des fois où je collais quelques droites à des idiots qui embêtaient mon petit Spencer. Mais je revoyais encore les paparazzis gâcher certains moments avec leurs flashs, attendant le moindre dérapage de ma part. En pensant à ça, je dis à Spencer :

- Tu te rappelles les paparazzis ? Ils ne savaient vraiment plus quoi inventer pour vendre leurs photos de nous deux, dans le magazine que j'avais apporté chez toi ils disaient même qu'on était ensemble et que je trompais mon mec. Complètement stupide ...

Ce dernier mot me resta en travers de la gorge. Était-ce vraiment si stupide que ça ? N'y avait-il eu toujours que de l'amitié entre nous ? A présent, en regardant notre relation avec un regard neuf, le doute est sérieusement possible ...

Il lança un regard à Tahanie. « Stupide ». Le mot semblait résonner dans sa tête douloureusement, alors qu’il regardait son amie. Ses yeux s’étaient voilés de larmes lorsqu’elle avait dit ça. Oui, stupide, certainement pour elle… Mais lui ? Il l’avait toujours aimée, et même si maintenant il avait tourné la page, ils savaient tous les deux que l’amitié qui les avaient unis n’avait pas disparue, et que ses sentiments pour elle, même s’ils avaient changés depuis que Julie était là, était pourtant toujours cachés au fond de lui. Il essaya de masquer son trouble par un sourire et un regard à l’assemblée, mais il ne duperait personne ainsi. Il regarda Natasha qui parlait avec Edward, les profilers discutant toujours gaiement, puis à nouveau son amie. S’il voulait tout lui ‘’dire’’, c’était maintenant. Il prit une bouffée d’air, ouvrit la bouche, mais tout son courage s’envola avec son expiration, et il bredouilla ;

Je m’en souviens… Stupide, c’est le mot. De toute manière, ils épiaient tous tes faits et gestes pour avoir un scoop. Les pauvres… On ne peut pas leur en vouloir de faire leur boulot…

Il se souvint de Lila et du paparazzi qui les avait photographiés dans la piscine, et soupira. Il avait une fâcheuse tendance à tomber amoureux de stars. Puis il revint à ses moutons. C’était stupide, oui, dans un sens ; son petit ami de l’époque était son contraire, royalement. Et ce ‘’stupide’’ lui avait bien prouvé que ce qu’il ressentait, à l’époque, pour elle, n’était pas réciproque…

Ma gaité habituelle s'était cette fois-ci complètement envolée. Je repensais à ma jeunesse, notre jeunesse. Nous étions tout le temps fourrés ensembles, on se racontait tout et notre vie était bien comme ça. Et maintenant, que restait-il de tout ça ? Les rôles s'étaient inversés, il avait une copine et moi j'étais célibataire. La réalité était que j'avais du mal à faire confiance à un homme depuis mon viol, je considérai mon corps comme un jouet et je me voilai la face en essayant d'avoir toujours le sourire. Mais pourtant tout ça était resté en moi, tapis dans un coin de mon coeur, me faisant pleurer les soirs dans mon lit. Jamais cet épisode de ma vie ne sera dévoilé à Spencer, j'avais vraiment trop honte de moi même. Trop honte de l'avoir laissé, trop honte de m'être fait berner aussi facilement.

Je regardai Spencer, il n'avait pas réellement changé depuis notre séparation. Il avait juste les cheveux un peu plus long, et il était en couple bien sûr. Non mais qu'est-ce que je m'imaginai ? Qu'après toutes ses années, il serait le même que lors de mon départ ? Et puis après tout, pourquoi un génie comme lui s'intéresserait à une ancienne star, enfant terrible de la chanson complètement délurée et dépravée comme moi ? Instinctivement, comme je faisait souvent avec lui quand ça n'allait pas, je posai ma tête contre son torse et sans pouvoir me contrôler, je pleurai. Vive le maquillage watherproof !

Très vite, comme il l’avait imaginé, elle se retrouva en pleur contre lui. Souriant contre sa volonté, il fut surpris quand même, et posa un main dans le dos de son amie, essayant de la réconforter comme il pouvait. Il ne savait plus ou se placer, surtout que la plupart des gens présents à la fête savaient qu’il était à présent en couple (Tant que Strauss ne l’apprenait pas, il s’en fichait, en fait), et que penseraient-ils en le voyant prendre comme ça quelqu’un d’autre ? S’ils savaient pourquoi ! Et puis, tant pis, ce n’est pas leurs affaires… Toujours est-il qu’heureusement que la médecin légiste n’était toujours pas là, même si ça commençait à l’inquiéter, car ça aurait valu une grosse dispute en direct, et c’était bien la dernière chose dont il avait envie. Vu qu’elle ne se calmait pas, il la prit totalement dans ses bras, essayant d’oublier les quelques - et seulement quelques, heureusement !! - regards posés sur eux. Surtout que Tahanie pleurait, ça devait être un drôle de spectacle. Il espérait que ça ne soit pas « l’événement de la soirée » et que tout le monde en parlerait tout bas, car il ne supporterait pas.
Ils restèrent de longues minutes ainsi. Lui, un peu gêné mais aussi attristé, avait fini par laisser une larme couler sur sa joue, puis une autre, et encore une autre, ainsi de suite. Tous les deux en train de pleurer maintenant, il rigola de sa stupidité du moment, essuyant les gouttes transparentes qui continuaient de couler comme des traîtresses sur ses joues, avant de sourire.

Je m'imaginai les gens qui nous regardaient interloqués, il est vrai que la situation était étrange. Spencer était en couple et, alors que sa dulcinée est absente, il est entrain de prendre dans ses bras une de ses collègues. Car, après une petite hésitation, il m'avait prise dans ses bras. Et nous voilà à pleurer dans les bras l'un de l'autre, la situation avait tout du grand sketch comique. D'ailleurs Spencer se mit à rire, ce qui eu pour effet de me faire rire aussi. Doucement je m'écartai de lui tout en continuant de rire. Je séchai mes larmes et pris une autre coupe de champagne, que je bus d'un coup avant de déclarer :

- Je crois que le champagne m'a un peu fait tourner la tête, j'ai eu l'impression de nous retrouver neuf ans en arrière ...

Oui je sais, l'excuse du champagne était complètement bidon mais le reste était pensé. Je voulais tellement nous retrouver adolescents et cette fois-ci prendre les bonnes décisions. En pensant à ça, je bus une autre coupe de champagne pour éviter de pleurer une nouvelle fois. Plus que trois coupes et il serait obligé de me raccompagner chez moi et la soirée ne faisait que commencer ....

Souriant à son amie, il sécha lui aussi ses larmes en souriant. La voyant avaler deux autres coupes de champagne, il grimaça. Finalement, il devrait mettre la barre plus haut, sinon, il serait réellement forcé de la raccompagner… Enfin, ça ne le dérangeait pas, mais disons qu’il aurait aimé resté. Tant pis, il la déposerait et repartirait. Trouvant cette idée un peu méchante, il l’oublia instantanément, scruta son amie avant de soupirer. Il était vrai qu’ils avaient fait un saut dans le passé, en quelques minutes. Il aurait vraiment voulu faire un voyage dans le monde de l’imparfait, mais il ne pouvait pas ; les choses étaient comme elles étaient, et tant pis. Pourquoi le monde de l’imparfait ? Simple façon qu’il avait trouvée pour parler du passé. C’est vrai ; quand on parle de ce qui a déjà eu lieu, on parle à l’imparfait « Car je l’aimais, car je trouvais qu’elle tait belle, qu’elle chantait bien ». Il soupira un instant, gêné par la situation : il se sentait mal à l’aise vis-à-vis de Julie. Il glissa sa main droite dans sa poche, regardant les oiseaux qui passaient. Veronica faisait connaissance avec Henry, et elle semblait ne pas s’ennuyer.

En parlant de champagne, je ne peux pas monter un peu la barre de la « limite » ?

Je voyais dans ses yeux que l'idée de me raccompagner ne l'enchanté pas vraiment. Et oui, je ne suis pas devenue profiler pour rien moi ! J'arrivai pourtant à le comprendre, il avait déjà assez joué le chaperon pendant notre adolescence et maintenant il avait un cercle d'amis avec qui il aimerait bien passer un bon moment. C'était normal, moi je ne connaissais réellement que lui et puis cet Edward Machinchose qui était mon boss.

Moi je n'avais plus vraiment de vie sociale, depuis toujours j'étais différente des autres et les années n'avaient rien arrangé. Sans père, avec une mère prostituée morte quand j'étais petite, ma vie n'avait commencé idéalement. Puis il y avait eu la chanson, et tout les excès que Taylor m'avait apporté. Enfin le viol, ces longues années à cacher mon identité, le striptease pour payer mes études et maintenant les profilers. Je faisait beaucoup la fête mais j'avais peu d'amis véritables à cause de tout mes secrets. Spencer dit tout haut ce dont je me doutais, il n'avait pas envie de me raccompagner. En riant je lui répondis :

- Mais enfin tu pensais sincèrement que j'étais restée à l'époque de mes 16 ans ? Je sais contrôler ma consommation Spencer, surtout en présence de collègues de travail. J'arriverai à rentrer seule !

De sa solitude Natasha vint l'en tirer. Sa voix, qu'il avait tant entendu, le surprit légèrement, ne s'attendant pas à ce qu'elle ose venir s'adresser à lui devant Hotchner. Ainsi, elle jouait cette forme de mépris ? Elle n'avait pas tord, Edward n'était que très rarement seul, toujours entouré par ses "amis" du beau monde. Mais Edward ne souhaitait pas se mêler aux personnes présentes ce soir. La plupart étaient des profilers à sa charge, il ne voulait pas entretenir trop de proximité avec eux. Il aurait très bien pu ne pas venir mais cela n'aurait pas été convenable. Et puis, même s'il aurait tout de même souhaité tisser quelques liens, il n'aimait pas les occupations de ses confrères du FBI.

" Je ne tiens pas à supporter ces éloges d'enfants pourri gâtés. Ca ne devrait pas t'étonner. "

Ce sujet avait été assez tabou lors de la relation des deux profilers. Natasha ne s'était jamais montré contre cette éventualité, mais il en était hors de question pour Edward qui, en plus de ne pas être doué avec les enfants, tenait à sa liberté. En effet, un enfant l'éradique avant même sa venue au monde, monopolisant tout, absolument tout. Edward n'y tenait pas. Peut-être en aurait-il un jour, mais il était beaucoup trop tôt selon lui et les seuls enfants qu'il supportait étaient ceux que l'on trouvait dans sa famille, et encore. Finissant sa coupe de champagne, au goût qui n'avait rien de comparable aux grands crus que dégustait souvent Edward, le profiler fit se rencontrer son regard avec celui de la jeune femme blonde.

" Eh bien, c'est le parfait amour avec Hotchner. C'est une relation officielle ? "

Edward connaissait bien entendu la réponse mais il voulait mettre Natasha mal à l'aise. Si elle lui voulait qu'en effet c'était un véritable amour, elle saura qu'Edward n'allait pas lacher le morceau et qu'il continuerait à se rapprocher d'elle, chose qu'il accomplissait avec talent.

En effet, ça ne l'étonnait pas. Edward et les enfants. Une histoire d'amour qui n'allait ni dans un sens, ni dans un autre. Dans leur relation, ça n'avait rien changé, bien que Natasha n'était pas contre la perspective d'avoir des enfants, elle était à l'époque trop concentrée sur sa vie et avenir professionnel pour réellement y penser. Quant à Edward... Eh bien c'était Edward. Maintenant qu'elle y repensait, c'était vrai qu'il n'avait pas lancé un quelconque regard aux enfants présents lors de cette petite fête. Elle le regarda finir sa coupe et ne répondit pas immédiatement. Sa remarque lui rappelait ce que leur entourage disait d'eux ; le parfait amour. Un couple comme il était rare d'en voir, disaient-ils. Une harmonie qui semblait irréelle et une idylle qui n'était pas prête de se terminer. Et pourtant, voilà ce qu'il en était, de leur perfection. Terminée. Et presque oubliée.

Si elle ne l'était pas, tu ne le saurais pas.

Son ton avait été doux, et sa réplique accompagnée par un sourire léger. Question de logique ; Aaron n'était pas du genre démonstratif, si leur relation n'avait pas été officialisée, il aurait été le dernier à prendre Natasha dans ses bras. Mais elle savait qu'Edward, et seul lui, aurait été assez fin pour savoir ce qu'elle éprouvait pour son supérieur. Car seul lui savait quel comportement elle avait, lorsqu'elle était amoureuse, pour la simple et bonne raison qu'il l'avait connut et côtoyé intimement pendant plus de deux longues années.

Elle dériva son regard de métal sur Aaron qui était toujours là où elle l'avait laissé en plan. Le parfait amour ? Peut-être, elle ne s'avançait pas trop. Mais une chose était sûre ; elle l'aimait passionnément. Elle reporta ses yeux gris sur son ancien amour. Elle s'étonnait encore de savoir qu'il restait célibataire. Avec son physique avenant et son caractère dragueur, il pouvait avoir n'importe qui, quand il le désirait. Pourquoi préférait-il le céliba, dans ce cas ?

Et toi ? Tu voles toujours de femmes en femmes ?

Tu en es certaine ?

Encore une taquinerie qui le fit sourire. Il savait bien qu’elle avait grandit, tant mentalement que physiquement (et heureusement). Il était vrai qu’à seize ans, elle avait un peu de mal à se…limiter disons. Mais maintenant, même s’il la voyait toujours quand elle l’avait quitté, il devait bien avouer qu’elle avait mûrit, et qu’elle semblait beaucoup moins déjantée que l’adolescente chanteuse de l’époque. Logique, si elle avait du reprendre ses études de profilage (criminologie & psychologie), elle en sortait obligatoirement un peu plus « sage »… Ou pas. En pensant à ça, il se souvint des longues heures passées ensembles à faire leurs devoirs, mission impossible pour eux deux car ça dérivait toujours, et ça finissait en fou rire et pas vraiment en travail.

- Tu en es certaine ?

Je pris un air vexé tout en tirant la langue sur le coté, un des nombreux vestiges de mes tics d'ados. Sur le même ton de plaisanterie, je lui répondit :

- Certaine ! Depuis mes seize ans, au cas où tu n'aurais pas remarqué, j'ai pris une taille de bonnet et quelques centimètres. Ce qui me donne l'être impression de ne pas être si petite que ça à côté de toi ...

Réflexion ironique bien sur, 20 bons centimètres séparaient ma taille de la sienne. J'arrivai à peine aux niveaux de ses pectoraux. Ne sachant que dire d'autre, je tournai la bague scintillant à mon annulaire sur elle même. Soudain j'entendis une musique que j'aurai pu reconnaître entre milles : French Kiss. Chanson 5 du 3e album, premier single tiré du même album. Nombre record de vente et un mini-film porno me mettant en scène comme clip. J'avais 14 ans à l'époque. Effarée et stressée, je regardai Spencer avec un regard paniqué avant de lui demander :

- Tu reconnais cette chanson ?

En entendant sa réponse, il ne put s’empêcher de sourire : même si elle avait grandi, ils avaient quand même une grande différence de taille. D’accord, il avait toujours été grand. D’ailleurs il était plus grand que tous les membres de l’équipe, ce qui lui faisait toujours bizarre parce qu’à Las Vegas, c’était presque s’il n’était pas dans les plus petits du quartier. Son expression se modifia légèrement en entendant la chanson qui régnait en arrière plan. Voyant aussi l’expression paniquée de son amie, il lui sourit comme pour la rassurer, alors qu’il comprenait pourquoi elle était aussi stressée. Ca faisait bizarre de réentendre ces chansons, ils avaient certainement tous deux l’impression de revenir quinze ans en arrière. Quinze ans. En y repensant, ça faisait longtemps qu’ils se connaissaient sans vraiment se connaître.

Cette chanson ! C’est toute mon enfance. "French Kiss".

Il plongeait doucement dans le monde de l’ironie, sans s’en rendre vraiment compte. Ce n’était pas pour se moquer ou quelque chose du genre, plutôt pour détendre l’atmosphère, mais son amie semblait tout à fait glisser entre les bras de la panique.

Décidement, Natasha faisait tout pour masquer les apparences. Ou peut-être adoptait-elle cette attitude presque mesquine dans l'unique but de cacher une attirance toujours présente pour Edward ? Certes, il volait toujours de femmes en femmes mais l'engagement n'était pas l'occupation préférée d'Edward, sauf s'il s'agissait d'obtenir d'alléchants privilèges en retour. Trop libre, le profiler ne se précipitait pas et avait une sainte horreur des relations que l'on désigne comme sérieuses et sincères au bout d'un petit mois écoulé. Toutefois, même si elle avait dit vrai, Edward préféra rire de sa question plutôt que de répondre. De toute façon, elle connaissait la réponse et cette question était surtout ironique. L'ironie étant un art fort bien maitrisé par Edward, il comptait bien désormais s'amuser à en user à son tour, et en regardant l'agent Hotchner, il s'adressa à Natasha, un sourire au coin des lèvres.

" Dis donc, tu ne dois pas t'amuser tous les jours. Enfin, j'espère pour toi qu'il n'adopte pas cette tête de tueur en ta compagnie. "

Il était vrai que Aaron Hotchner avait une mine des plus froides, qui se rapprochait bien de celle qu'utilisait Edward lorsqu'il la jugeait digne d'être employée.

" En tout cas, je ne sais pas ce que tu lui as dit tout à l'heure, mais à vous voir, on aurait cru que tu lui annonçais une nouvelle atroce, du genre " je suis enceinte ". C'est amusant, nous n'étions pas aussi tristes, nous. "

Edward insista lourdement sur ce "nous". Il aurait très bien pu s'abstenir ce genre de réflexion sur le couple que formaient Natasha et Aaron, mais c'était plus fort que lui, il fallait qu'il se montre méprisant, cela l'amusait au plus haut point. Mais il fallait avouer que les voir tout les deux était divertissant à en juger de leur mine d'enterrement. Qu'est-ce-que Natasha avait pu annoncer Aaron, Edward l'ignorait.

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