Fête [ Pour les agents du FBI & leur famille ]

Généralement, il aurait nié les faits mais là, c’était foutu. Elle le connaissait mieux que sa poche et il pourrait lui inventer tous les mensonges du monde, elle ne le croirait pas. Le gros problème des meilleurs amis… Il finit par sourire, trouvant la situation amusante. Ils s’étaient écartés des profilers, et heureusement, car s’ils avaient parlé de ça devant eux, et surtout, devant Veronica, ça aurait dégénérer… Particulièrement avec Morgan !

J’aimerai que tu arrêtes de me connaître aussi bien, soupira-t-il.

Il lui lança un regard qui voulait tout dire, et ne répondit même pas à sa question. S’il trouvait mignonne Julie ? Evidemment, c’était logique, dans un certain sens. Puis il manqua de s’étrangler quand elle lui demanda si elle l’avait dépucelé. Il était n’était pas mal à l’aise quand on parlait du sexe en général, mais quand on en parlait précisément, il avait du mal à débattre sur la question. Il rougit comme un gosse, avant de regarder au-dessus de l’ épaule de Tahanie.

Je t’en prie !

Dit-il pour seule réponse. Si quelqu’un s’invitait dans la conversation, il aurait du mal d’expliquer de quoi il parlait, et surtout, sur qui…

Dans son ennui, comme il aimait le faire, Edward eût le temps de parcourir des yeux chaque membre de l'assemblée s'étant joint à la fête. Quelques liens se tissaient, d'autres perduraient. Mais ce fut surtout son meilleur ami qui attira son attention. Il discutait avec une jeune femme ravissante et semblait, intérieurement, appeller au secours. Edward le connaissait bien et le voir regarder le sol, s'occuper les mains et avoir cette mine inquiète signifiait qu'il était loin d'être à l'aise. Il n'y avait pas énormement de choses qui auraient pu mettre Spencer dans cet état, et généralement c'était quand il s'agissait de sa relation avec Julie, ou de l'évocation du sexe, qu'il était aussi perturbé. N'ayant rien à faire et ne souhaitant pas le voir maitrisé par cette jeune femme, Edward décida de s'en mêler. Il avait toujours protégé Spencer, car aux yeux de bien des gens, le petit génie était d'une rare étrangeté. Sortant son téléphone de sa poche et le dirigeant vers son oreille, faisant mine de passer un coup de fil, Edward se précipita vers les deux individus.

" Pardonnez-moi mademoiselle, je dois vous interrompre. Spencer, c'est l'hopital, ils disent que ta mère veut te parler de toute urgence ! Heureusement que tu leur as donné mon numéro car ils n'arrivent pas à te joindre... "

Edward ne lâchait pas Spencer des yeux. Il restait de marbre, ne laissant paraître aucune trace de mensonge ou de persuasion, mais son ami le comprendrait et jouerait le jeu. Téléphone tendu face à Spencer, le profiler attendait qu'il réagisse et il devait se hâter.

Edward était assez doué pour se tirer des situations génantes et aimait en faire profiter les autres. Le coup de téléphone marchait toujours, mais il fallait improviser une autre méthode parfois. De toute façon, Edward était prêt à tout du moment qu'il ne montrait pas ses émotions, et la gêne était un sentiment à proscrire chez lui. Jamais il ne se serait permis d'être gêné devant quelqu'un, c'était bien trop dégradant.

Elle était d'une rare impolitesse. Edward n'était vraiment pas habitué à ce genre de femme, mais plutôt à de riches épouses qui se présentaient avant de prendre la parole, et qui se montraient d'une grande courtoisie face au riche Edward. Apparement, cette jeune demoiselle n'était pas de cette éducation là. Mais le sourire du profiler ne s'éteignait pas, bien au contraire, amusé de la voir agir. Elle était sûrement ce genre de fille peu sûre d'elle qui aime s'affirmer, cachant alors un profond mal de peau. C'était ce genre de mal être qu'Edward aimait détecter chez autrui, un mal être ou un secret, ce qui lui permettait par la suite d'avoir une emprise sur son entourage. Lorsqu'il connaissait ce qu'autrui souhaitait dissimuler aux yeux du monde, il savait que la personne en question ne se dresserait pas contre lui, sans quoi tout serait dévoilé.

" Oh vous me vouvoyez ? Avec une telle impertinence, j'aurai juré le contraire ! C'est à moi de me présenter je crois, Edward Windel, chef de la team 2. Vous êtes ? "

Des remarques pincantes, une voix extraordinairement froide, mais un large sourire plus hypocrite qu'autre chose. Si la jeune femme avait esperé pouvoir manquer de respect à Edward et se montrer plus forte que lui, elle avait tord sur toute la ligne.

Ainsi, Edward était son supérieur ? Et elle se permettait un tel comportement ? Le profiler avait donc un membre de son équipe à remettre à sa place rapidement. Toujours aussi souriant malgré l'attitude autoritaire de son interlocutrice, Edward ne montrait aucun signe de malaise, bien au contraire, il restait digne, comme toujours. " De quel droit " disait-elle. Mais elle ignorait qu'Edward ne répondait jamais à cette question, cela faisait bien trop longtemps qu'il ne se fiait plus à ce qu'il pouvait se permettre ou non. Sa notorieté, son argent et son assurance lui permettaient de faire bien des choses, et il n'avait en aucun cas à se justifier, et encore moins face à un membre de l'équipe qu'il dirigeait.

" Spencer n'aime pas vraiment ce genre d'initiative et, voyez-vous, je n'aime pas non plus les gens insistants. La plupart du temps, ils deviennent d'une lourdeur exécrable. "

Son sourire s'élargit encore. Pas pour la séduire, mais pour l'agacer. Cette attitude désinvolte et hypocrite du profiler en avait irrité plus d'un.

" Oui, on risque de s'entendre à merveille. "

Bien évidement, cette phrase était prononcée sur le seul ton de l'ironie, art qu'Edward maîtrisait aussi bien que l'hypocrisie et la manipulation. Le profiler ne comptait pas passer la soirée à discuter avec ce genre de personne, il n'avait pas de temps à perdre et il n'était pas là pour cela. Il préféra la laisser seule : Spencer s'étant éloigné et Edward s'apprêtant à la quitter, elle se retrouverait sans compagnie. Dommage pour elle, mais méritait-elle qu'on s'interesse à sa personne ? Edward rejoignit le groupe de profilers, sussurant à l'oreille de Tahanie, avec une proximité telle que ses lèvres touchaient presque l'oreille de la jeune femme :

" Bonne soirée, profitez-en bien. "

Cette phrase n'avait qu'un seul sens : " prépare toi à me supporter ".

JJ étant arrivée avec son fils, Henry, Jack se laissa distraire par le nouveau venu. Profitant de ce petit instant de répit - et surtout, ne sachant pas s'il y en aura d'autre, Natasha se releva, et regarda Aaron. Elle se tourna vers Abigail, et, un air assez angoissé au visage, elle lui dit :

Désolée Abby, je vais t'abandonner quelques minutes.

Elle regarda un point derrière, et reprit, en lui adressant, cette fois-ci, un clin d'oeil :

Et puis, ton chevalier blanc vient vers toi, sans doute pour une danse.

Voyant que Nicolas arrivait, Natasha reporta son attention sur Aaron. Elle s'approcha de lui, attrapa sa main et se rendit à l'écart, un coin ou il n'y avait personne. Son coeur faisait des bons immenses dans sa poitrine, et, ses mains étaient fébriles tant elle était nerveuse. Elle inspira profondément, essayant par la même occasion de se calmer, mais rien à faire ; ce qu'elle allait dire à Aaron la paralysait et bloquait ses cordes vocales. Mais Abigail avait raison, elle devait le lui dire, au plus vite d'ailleurs. Par habitude, elle attrapa une mèche - une des mèches qui s'échappaient de sa coiffure - et l'enroula autour de son index. Essayant de calmer les battements de son coeur et de contrôler sa voix, elle commença ;

Euh... Aaron, il faut que je te parle...

Elle dériva son regard, ne pouvant pas affronter ses yeux ténébreux. Se calmer. Se calmer. Elle devait se calmer.

C'est... Je... Je ne sais pas comment te le dire...

Elle espérait qu'elle ne l'inquiéterait pas - mais étant extrêmement nerveuse, il aurait été étonnant qu'il ne s'inquiète pas.

Aïe, maintenant, c'était trop tard pour faire marche arrière comme toutes ces fois où elle avait voulu lui dire ce qu'elle lui "cachait". A présent, elle jouait avec ses doigts, toujours incapable de le regarder dans les yeux. Ses deux perles métaliques étaient donc rivés sur le sol, tandis qu'elle cherchait vainement de rassembler un maximum de courage en se forçant à respirer calmement. De quoi avait-elle peur ? C'était une excellente question : elle-même ne le savait pas. De sa réaction, oui. De ce ça signifiait aussi.

Elle releva la tête, observa les alentours comme si ça pouvait retarder le moment où elle devrait reprendre la parole. Son regard se posa sur Rachelle qui était à côté d'Emily, toutes deux semblaient heureuses. Puis sur Véronica, Henry, Jack, Allison... Avant de reposer sur Aaron. Le plus simplement possible, Tasha. Dis-le-lui, le plus simplement possible... Respire un bon coup, et lance-toi !

Je...

Sa voix se brisa. Bon sang, trois mots, ce n'était tout de même pas la mer à boire ! C'était même d'une facilité déconcertante. Alors qu'est-ce qui la bloquait ainsi ? Finissant de jouer avec ses doigts, elle encra ses yeux gris dans ceux obscurs de Hotch.

Je suis enceinte.

Elle n'en revenait pas. Si la peur ne la tétanisait pas de la sorte, elle aurait bondit de joie d'être enfin parvenue à dire cette petite phrase qui l'avait presque hantée ces dernières semaines.

Il la regardait, et s'inquiétait en voyant qu'elle ne répondait toujours pas. Il observait ses mains qu'elles tordaient, puis il observait les gens qui étaient présent à la fête. Il reposa son regard sur elle, tentant de chercher une explication, cherchant la moindre chose qui pourrait la trahir.

Il posa une main sur la taille frêle de Natasha et cherchait un regard de sa part.

Qu'est ce qu'il se passe ? répéta t-il

Puis enfin, Tasha annonça qu'elle était enceinte. Il la regardait sans dire un mot. Il n'arrivait pas à y croire. Plein de questions lui traversa l'esprit. Cela expliquerait beaucoup de choses alors. Le fait qu'elle soit pâle était surement les nausées matinales et elle ne buvait plus de café à cause de sa grossesse. Puis enfin après avoir éclairci toutes ses interrogations, il lui sourit et déposa un baiser sur les lèvres de Natasha.

J'en suis heureux

Il aurait voulu dire autre chose, mais c'est ce qu'il ressentait actuellement. Il aurait voulu le crier sur les toits, en annonçant qu'il aimait Natasha plus que tout au monde.

Natasha avait, sans le vouloi, retenu sa respiration en attendant la réaction d'Aaron et, alors qu'il déposait sur ses lèvres un baiser, elle ne sut que faire. Elle s'aperçut qu'elle s'angoissait pour un rien quand il déclara cette petite phrase qui fit accélérer les battements de son coeur qui cognait tellement fort dans sa poitrine qu'elle avait l'impression qu'il résonnait au creux de ses oreilles. Elle esquissa un léger sourire, soulagée d'un poids. Maintenant qu'elle savait la réaction d'Aaron, elle se trouvait stupde d'avoir eu peur de la sorte. En réalité, elle ne savait plus si elle avait craint ce qu'aurait pu dire Aaron, ou si elle avait juste voulu attendre d'être certaine qu'elle-même acceptait le fait de devenir mère dans quelques mois. Elle n'était pas sûre d'être prête à endosser ce rôle, d'en être capable, surtout.

Prenant conscience qu'elle n'avait pas bougé, elle avança d'un pas et enroula ses bras fins autour du cou d'Aaron. Elle resta ainsi, blottie dans ces bras plusieurs minutes, pouvant apercevoir les autres membres du Département, puis elle se déttacha de lui lentement, un regard plus serein maintenant qu'elle était entièrement calme. Certes, ils devaient encore prévenir Strauss qui, la connaissant, ferait certainement toute histoire, tout comme le scandale qu'elle leur avait fait en apprenant leur relation. Et, aujourd'hui encore, elle conservait toujours un oeil sur eux, attendant sûrement le moindre faux pas pour les faire virer. Après tout, c'était très probablement la chose qu'elle savait faire le mieux : virer ses propres agents. Elle était même devenue un Maître dans cet art.

Eloigné du monde, l'air était plus calme, et il faisait bon. Comme la soirée commençait, il devait être pas loin de vingt heures, il y avait de temps en temps une légère brise qui rafraîchissait. Heureusement pour Natasha, ce premier mois de grossesse se passait sans qu'il y ait de réelles grosses nausées, bien qu'elle soit souvent sujet de migraine. Elle était bien, seule avec Hotch, mais savait qu'ils devraient retourner voir la foule d'agents avant qu'ils commencent à penser qu'ils mijotent quelque chose. Son regard de métal survola, une nouvelle fois, toutes les personnes présentes : Abigail était avec son chevalier servant, Allison faisait connaissance avec Véronica, Jack avec Henry, Spencer discutait avec une jeune femme inconnue, les conversations battaient leurs pleins de tous les côtés. Sauf vers Edward qui était seul, ce qui était vraiment très rare. Natasha eut un sourire à la pensée que tous ne devaient pas apprécier son caractère de charmeur irrésistible et ses airs parfois froids. Après avoir fait le tour, elle remarqua qu'il manquait encore Julie et Violette. Violette. Natasha avait su qu'elle était partie à New York sur ordre de Strauss. Un prétexte de plus pour avoir des envies de crimes envers la chef de section.

La jeune femme reporta finalement son attention sur Aaron. Quelque chose au fond de son estomac semblait ronronner de bonheur depuis qu'il l'avait embrassé après qu'elle lui ait annoncé qu'elle était enceinte et son coeur se réchauffait à chaque fois qu'elle le regardait. Une partie d'elle-même ne parvenait pas encore à réaliser qu'ils allaient être parents. Certes, Aaron avait déjà Jack, un petit ange qui la faisait fondre, mais pour elle, c'était tout nouveau, et, à part dans son enfance, la seule fois où elle avait pensé avoir des enfants, ç'avait été à l'hôpital, à l'accouchement d'Abigail, pendant qu'elle parlait avec Véronica. Mais à l'époque, elle pensait que son amour pour Aaron n'était qu'un rêve impossible d'accès. Et pourtant...

On retourne là-bas ? demanda-t-elle en désignant du menton la foule d'agent du FBI.

Pourtant, aujourd'hui, c'était bel et bien lui qui illuminait ses journées. Les yeux toujours braqués sur cet homme qu'elle admirait depuis longtemps, elle rapprocha progressivement son visage de celui de Hotch et scella leurs lèvres dans un baiser, comme le premier qu'ils avaient échangé. Elle se souvenait encore de sa surprise et de sa lenteur à réagir sous le coup tant ça avait été inattendu. Finalement, cette enquête avait vraiment bien finie : Véronica avait trouvé un père, Spencer une fille, Natasha avait compris la vraie nature de ses sentiments pour Aaron. Et inversement.