Qui finira la cafetière ? [ Spenci-Chou ♥ ]

C'était un supplice. Sentir cette odeur sans pouvoir l'approcher. Un calvaire, un cauchemar. Ils la torturaient, lui rendaient la vie impossible. On croyait que Strauss était le Diable, mais en réalité, les médecins étaient pires. Bien pires. Ils la privaient de café. Pour la bonne cause, certes, mais quand même ! Comment pouvaient-ils lui faire ça ? Il fallait avouer qu'elle devait être légèrement mashochiste pour venir dans ce lieu de prédilection tout en sachant qu'elle ne pourrait pas avaler ne serait-ce qu'une seule goutte de ce nectar si délicieux. L'Enfer. Elle y était. Elle soupira, son regard survola toutes les personnes présentes, enviant celles qui se délectaient de sa boisson préférée, incendiant ceux qui gaspillaient ce précieux arôme. On ne jette pas du café ! On le savoure en le buvant. On l'apprécie. Maso. Oui, elle l'était, elle en était certaine, à présent.

Natasha ouvrit le frigo, en sortit une bouteille d'eau. De l'eau. Elle était réduite à boire cette boisson sans goût et qui ne l'empêcherait pas de dormir, et donc, de cauchemarder. Cette boisson qui composait plus de soixante pour-cent du corps humain. Elle s'assit à une table, seule, jaugeant des yeux les quelques personnes qui étaient restées. Sans doute pour retarder l'instant où ils devraient finir leurs dossiers. Ca lui faisait se rappeler qu'elle n'avait toujours pas finit les siens, et qu'elle devait les rendre à Aaron avant dix heures. Coup d'oeil à sa montre. Neuf heures quarante-cinq. Tant pis, elle irait directement voir Strauss, au point où elle en était, autant se prendre la tête le haut de la hiérarchie. Elle soupira. Même si beaucoup savaient pour la relation qu'elle entretenait avec Aaorn, elle ne voulait en aucun cas en tirer profit. Elle devait déjà supporter les regards lourds, et noirs, et ceux qui pensaient que le jugement de Hotch avait été affecté par ses sentiments et qu'il n'avait donc pas sut rester impassible (les imbéciles !) et ceux qui croyaient qu'elle "couchait avec le patron" pour avoir des avantages que les autres n'avaient pas, elle ne voulait pas, en plus, leur donner raison.

Elle colla la bouteille fraîche contre son front et retint un soupire d'extase ; bouffée de chaleur. Encore un désavantage de la grossesse. Natasha commençait à croire qu'à part le bébé qui n'arrivait qu'au bout de neuf mois, le fait d'être enceinte n'avait pas beaucoup de points favorables. A moins que ce ne soit elle qui soit si compliquée. Elle débouchonna la bouteille et avala une gorgée, ce qui lui tira une grimace. Décidément, sa précieuse boisson caféinée lui manquait ! Elle maudissait de tout son être ces bourreaux de médecins. Comme ils devaient être heureux ! A côté d'eux, Tyler était un agneau... Quoiqu'en réfléchissant bien, non. Tyler était l'être le plus abject qu'il pouvait exister dans ce monde. Selon elle, évidemment. Poussant un nouveau soupire, elle se laissa tomber contre le dossier de la chaise en plastique et pianota sur la table. S'en apercevant, elle s'arrêta. Elle avait plusieurs TIC nerveux et deux, ou trois, toubles obsessionnels. Autant dire qu'elle était extrêmement simple à profiler et qu'elle pourrait très bien être l'un des psychopathes qu'ils poursuivaient. Elle, et tous les membres du Département. Pour la plupart, ils souffraient de divers troubles mentaux, or, selon une étude psychologique, chaque être humain avait ce genre de trouble. On retrouvait en effet une part de schyzophrénie ou de psychopatie en chacun de nous. Personne n'était entièrement saint d'esprits.

Un sourire étira ses lèvres ; elle pensait comme Spencer, et si elle continuait, elle allait sans doute parler de statistiques d'ici quelques minutes. C'était à croire qu'il déteignait sur elle ! Pourtant, ils n'avaient réellement parler qu'une fois ou deux. Et à chaque fois, ils avaient échangé que quelques mots. Assez pour qu'elle considère comme un ami, trop peu pour qu'elle puisse affirmer le connaître. D'ailleurs, que savait-elle, sur lui ? Que c'était un petit Génie, qu'il avait adopté Véronica de son propre chef, qu'il avait craqué pour Julie (Natasha les avait souvent taquiné - toujours séparément - à ce sujet, s'amusant de leurs rougissements d'adolescents). Et à part ça ? Rien. Tout comme elle connaissait pratiquement rien des autres membres de l'équipe. A part Abigail et Aaron. Et encore. Connaissait-elle réellement Hotch ? Car, il fallait l'avouer, il n'était pas du genre bavard en ce qui concernait sa vie. Son visage se décomposa ; elle ne savait rien sur l'homme qu'elle aimait depuis des années, ni même sur les membres de son équipe. Elle s'apercevait à présent qu'elle n'était pas si sociable que ça, en réalité, et qu'elle n'avait jamais pris le temps d'apprendre à les connaître.

Reid regardait les agents à leurs bureaux depuis qu’il avait ouvert son premier dossier à huit heures du matin, et il était neuf heures quarante. Il n’avait pas envie de le compléter, d’écrire tout simplement. Non seulement il avait du quitter de force le lit ce matin, en entendant son réveil sonner douloureusement, mais en plus, il avait encore du mal à aligner deux mots, faute d’énergie. Se frottant le visage dans l’espoir de se réveiller légèrement plus, il parcourut à nouveaux tous ces visages mornes qui faisaient leur dossiers. Faire leurs dossiers. Un déclic se fit dans le cerveau de Spencer en entendant ça : peut-être que lui aussi devrait les faire…Non. Encore trop las pour ça, il finit par jouer avec sa chaise qui tournait. Ce qui ne lui rendit pas plus l’envie de faire son boulot, cela dit, mais ça l’avait occupé ne serait-ce que quelques secondes. Puis, voyant qu’il n’arriverait décidemment pas à remplir cette feuille blanche, il rendit les armes, se leva, direction la cafetière. Il avait besoin d’un café ; oui, c’était une nécessité vitale et primordiale, s’il voulait être un peu plus actif.
Il se servit une grande tasse du liquide fumant, avant de rester là, à contempler lointainement l'inscription "Spencer Reid" sur le récipient, plongeant son regard enfantin dans cette mer noire qui se déchaînait dans sa tasse. Il semblait, comme à son habitude, dans de grandes pensées scientifiques et philosophiques alors que, tout de suite moins impressionnant, il essayait juste de réfléchir convenablement. Il savait que regarder sa tasse de café pendant de longues minutes ne servirait à rien, mais ça l’apaisait. Ce dont il n’avait pas du tout besoin - s’il continuait ainsi à ne rien faire, à se mettre en standby dès qu’il voyait quelque chose, il allait finir par s’endormir. Il s’imagina un instant, tombant endormi sur le sol, ce qui lui tira malgré lui un sourire, et il se tourna vers les gens présents. Il n’y avait personne qu’il connaissait, mis à part, Natasha. Il devait avouer que depuis qu’il savait qu’elle était en couple avec Hotch, il la regardait d’un autre œil. Pas plus méchant ou plus gentil, mais d’un autre œil tout de même. Depuis qu’elle était là, ils n’avaient vraiment parlés ensemble, car soit elle faisait ses dossiers, soit…Eh bien, elle était introuvable. Il avait donc renoncé à nouer des liens avec elle, et la seule fois où ils s’étaient vraiment adressé la parole, c’était lorsqu’il lui avait dit qu’il comptait adopter Veronica - ce qu’on ne peut pas compter comme un dialogue qui lui en apprenait plus sur elle. Lui lançant un regard, il observa les agents présents, et personne ne semblait se diriger vers elle, alors, c’est lui qui « brisa la glace » en allant vers la jeune femme blonde. Serrant sa tasse dans ses mains, il semblait nerveux, c’était logique, car il détestait parler avec quelqu’un (Sauf exceptions), surtout s’il ne connaissait pas vraiment cette personne. Pas qu’il se renfermait sur lui-même en ne faisant plus confiance aux gens qui l’entouraient, à cause du travail qu’il faisait, mais plutôt parce qu’il avait un peu de mal à ouvrir des sujets qui intéresseraient les gens avec qui il parlait. Disons qu’il avait plus de mal à parler de la pluie et du beau temps que par exemple de tous les microbes que contenait l’univers. Devant sa collègue, il esquissa un léger sourire, désignant la place en face d’elle.

Je peux m’asseoir ?

Elle devait être assise depuis à peine deux minutes lorsqu'une présence vint lui faire de l'ombre et qu'une voix la tirait de ses vastes pensées - plutôt sombres, d'ailleurs. Spencer Reid. Quand on parle du loup. Tentant difficilement d'arborer un air méchant, elle répondit d'une voix froide ;

Non, tu ne peux pas.

Elle était toujours autant surprise de voir à quel point il lui était aisé de paraître plus glaciale qu'elle ne l'était en réalité. Mais, voyant que le petit Génie se renfrognait et s'apprêtait à tourner les talons, elle se reprit et le retint ;

Je plaisantais ! Bien sûr que tu peux t'assoir, la place n'est pas réservé et... Je ne pense pas que la chaise morde...

Et comme pour appuyer sa petite plaisanterie - mais avouons-le, c'était plutôt de mauvais goût - elle lui sourit. Sourire qui s'effaça assez rapidement lorsque ses yeux de métal se posèrent sur la tasse de café encore fumant que son collègue tenait entre ses mains. Il était vrai que lui aussi, buvait beaucoup de café, elle l'avait remarqué (étant donné qu'elle passait sa vie à la cafétéria, elle était un peu forcée de remarquer les nombreux aller-retour qu'il effectuait). Elle se giffla mentalement ; il fallait sérieusement qu'elle boive moins de café. Beaucoup moins de café, même. Aaron avait raison, elle avait besoin de sa boisson autant qu'un drogué avait besoin de sa dose de stupéfiants. C'en était presque effrayant.

Petite pause café entre deux dossiers ? hasarda-t-elle.

A la réponse de Natasha, son beau sourire s’effaça. Lui qui la prenait pour quelqu’un de sympathique, il fallait qu’il revoie ce qu’il savait d’elle. Il resta interdit quelques secondes, et voyant qu’elle ne changeait pas d’avis, s’apprêta à faire marche arrière et à reprendre son dossier (Oui, il ne lui en restait qu’un). Lui qui voulait être sympathique et ouvert, il avait retenu la leçon ! Alors qu’il allait vraiment partir, elle le retint, lançant une plaisanterie qu’il ne trouva pas si drôle. Lui lançant un sourire plus poli qu’amusé, il s’assit en face d’elle, regardant à nouveau sa tasse de café. Il ne savait pas quoi ajouter, lui lancer une blague lui aussi ? Non, il était bien trop timide pour ça, et surtout, il savait que son humour était à pleurer…Mais pas de rire, c‘était là le hic ! Gêné, il se mit à jouer avec ses doigts, regardant tantôt en l’air, tantôt Natasha, souriant gentiment lorsqu’elle croisait son regard. Elle finit par briser le silence qui devenait pesant, et il ne put se retenir de rire face à sa question. Oui, c’était bien une pause café mais…

On ne peut pas vraiment dire « entre deux dossiers ». Je n’en ai pas encore commencé un seul…

Il devait l’avouer, il n’avait rien commencé. Il se souvint de son bureau intact, à la seule différence près que l’unique dossier qu’il avait était maintenant ouvert. Grand changement qui le déboussolait totalement (Ironie…). Voyant que la jeune femme avait une bouteille d’eau en main, il arqua un sourcil ; ce n’était pas dans ses habitudes. Elle était tout le temps avec du café, même plus que lui. Il devait y avoir quelque chose qui l’empêchait de boire cette boisson foncée qu‘elle idolâtrait, mais il n’explora pas le sujet.

Et toi ?

Elle ne retint pas un léger rire à la réponse de Spencer. Ainsi donc, lui aussi ne faisait pas ses dossiers... Quoiqu'en réfléchissant bien, Natasha se demandait s'il y avait une seule personne au BAU qui faisait ses dossiers de façon à les rendre toujours dans les temps. Sans doute pas. A croire qu'ils engageaient des fainéants... Son regard gris se posa une nouvelle fois sur la tasse de café de son collègue et elle se contraignit à les reporter ailleurs. La cafetière. Elle était réellement maudite. Elle clos les paupières quelques instants, avant de les rouvrires et déposa ses yeux clairs dans ceux noisettes de Spencer.

Eh bien... J'en ai commencé un mais... Je me suis arrêtée vers les trois premières lignes.

Elle sourit ; elle était fainéante et ne pouvait le cacher. Bien qu'en réalité, cela consistait en un véritable effort qu'elle ait décidé d'en commencé un alors qu'il était tout juste dix heures du matin ! Ah ! Que le congé maladie lui manquait ! Elle commençait à apercevoir le positif d'un arrêt de travail ; plus de dossier à faire. Même si, lorsqu'elle était revenue, elle en avait eu pas plus d'une trentaine à rattraper.

[ HJ : Désolée, ma Vivi, pour ce retard O: et ce post ridicule, mais je t'avouerai que là, j'ai 0 idée (n) (et je n'ai pas pu le commencer sur feuille x) ) <3 ]

Souriant à la réponse de Natasha, il fixa la fenêtre. Il n’était pas à l’aise pour parler, encore moins pour ouvrir une conversation avec quelqu’un. Surtout pas avec quelqu’un comme Natasha. Pas qu’il n’aimait pas la jeune femme, loin de là, mais plutôt qu’elle était… Différente de lui, à tout point de vue et c’était déconcertant, surtout pour Spencer. Ouvrant la bouche, il se retint au dernier moment ; il allait encore dire soit des statistiques, soit une anecdote sur la deuxième guerre mondiale, ce qui n’était pas mieux. Depuis quelques jours il s’intéressait beaucoup à ce sujet, étudiant tout ce qu’il pouvait trouver. Simplement parce que l’avant-veille, alors qu’il était chez lui devant son ordinateur et qu’il venait de finir ses dossiers, il avait tapé la première chose qui lui venait à la tête, Adolphe Hitler. Se rendant alors compte que cette histoire était bien plus complexe et perfide qu’on ne le pensait, et surtout, beaucoup cruelle, il trouvait ça passionnant. C’en était inquiétant, comment un sujet aussi barbare pouvait-il l’intéresser ? Mais les gens impliqués là dedans n’était pas inconnu à l’Amérique : la preuve, l’homme qui avait dirigé les opérations pour construire la première fusée qui était partie sur la lune était un nazi. Et que ce même homme était très ami avec Hitler, et que c’était lui qui avait inventé les V1, V2 et V3, ces transports aériens terriblement mortels. Et que dans son usine, c’était des juifs qui servaient de cobaye. Par exemple, quand on se demandait combien de pression un pilote dans une fusée pouvait supporter sans oxygène, et vous savez ce qu’ils ont fait ? Ils ont mis quelques détenus de camp de concentration dans une boîte minuscule et on fait descendre la pression. Le pire dans tout ça, c’est que lorsque les Américains l’ont attrapé, on lieu de le torturer et le tuer (Il avait des idées bien sociopathes par moment !), il lui avait juste dit que s’il les aidait pour construire leur fusée, on oubliait tout. Cruel, mais vrai. Se plongeant quelques secondes dans ses pensées, il revint sur terre en entendant quelqu’un derrière lui parler. Se rendant compte qu’on grand silence avait alors envahi le dialogue des deux personnes, il se releva légèrement, avant de pester contre lui-même silencieusement. Il y avait des jour où il détestait son esprit qui se plongeait trop souvent dans ses grands réflexions, le coupant alors du monde. Buvant une gorgée de café, il finit par tout simplement prendre la parole (Après s’être creusé la tête quelques instants à ce qu’il pourrait bien dire).

Alors… Tu ne bois plus de café ?

Se rendant compte de sa question, il esquissa un sourire : tout le monde n’était pas accro à la caféine, mais il savait que la jeune femme si. Reprenant le fil de ses idées, il se compléta.

Je veux dire, tu as plutôt tendance à finir la cafetière qu’à prendre de l’eau…

[ A mon tour d'être désolée ! Pour ce temps pitoyable et surtout cette grande paranthèse sur la guerre, mais il fallait que je remplisse mon post xD ]

Un grand silence. Encore un autre, et Natasha commencerait à penser qu'ils n'étaient pas fait pour tenir une conversation. Ou pour se parler. Tandis que Spencer semblait vagabonder dans ses pensées - très probablement trop compliquées pour Natasha, ou trop scientifiques - la jeune femme blonde l'observa. Il faisait très jeune, pour avoir autant d'expérience dans le profilage. Jeune, et frêle. Tellement, qu'il arrivait à Williams de se demander s'il parvenait réellement à soulever son arme de service. Elle se gifla mentalement ; Reid était plus fort qu'il n'y semblait, et était bien plus malin que la plupart des agents du Département réunis. En réalité, elle avait toujours admiré les personnes qui avaient une intelligence hors du commun, tout en les plaignant : comme un peu partout, il y avait toujours eu des " meilleurs de la classe " et elle avait souvent remarqué la méchanceté des élèves entre eux. Elle-même avait toujours eu des facilités, assez pour s'en sortir de façon excellente dans ses cours, pas assez pour être qualifiée d'intellectuelle, et pour en être une.

Du coin de l'œil, elle le vit bouger et ça la fit sortir de ses pensées. A sa question, elle hésita et baissa les yeux ; Aaron et elle n'avaient avertis personne. A vrai dire, ils n'avaient jamais soulever l'idée de mettre quelqu'un au courant. Certes, Abigail était une exception ; Abigail était toujours une exception, du point de vue de Natasha. Toujours était-il qu'elle ne savait pas si elle devait en faire part à Spencer, ou non. D'un autre côté, comment expliquer son soudain désintérêt pour sa boisson préférée ? Elle attrapa une mèche de cheveux, l'enroula autour de son index, cherchant quoi répondre.

Les médecins ont trouvés, lors de mon séjour à l'hôpital après... Après Brooklyn... Que je buvais trop de café. Et depuis, interdiction d'en boire.

Mensonge plus piètre, il n'y a pas. Plus mauvaise menteuse, il n'y a pas non plus.

Un conseil ; profite pendant que tu peux. Bois-en pour deux ! ajouta-t-elle avec un sourire.