Fausse Panique [ Tasha ♥ ]

Assise sur le canapé, les genoux rammenés contre elle, les bras enroulés autour, Natasha enroulait encore et toujours une mèche de cheveux autour de son index en attendant l'arrivée d'Abigail. En effet, elle était en congé maladie suite à ce qu'il s'était passé à Brooklyn et, bien que ça fasse déjà trois jours, elle n'aimait plus être toute seule. Cette simple idée la terrorisait et ce jour-là, elle n'avait pas osé demander à Aaron de rester avec elle, d'autant plus que ça faisait déjà trois jours qu'elle le suppliait de ne pas la laisser seule chez elle. Elle ne dormait plus, ou presque pas la nuit, les cauchemars qu'elle faisait autrefois la hantant aujourd'hui encore. Elle savait qu'elle avait déranger Abigail alors que celle-ci avait prit son jour pour rester avec sa plus jeune fille, elle espérait juste ne pas avoir trop paniqué sa melileure amie, malgré le ton qu'elle avait lorsqu'elle l'avait appelé.

Plusieurs coups furent frappés et alors qu'elle se levait lentement, elle entendit la voix étouffée de son amie d'enfance à travers la porte. Elle l'ouvrit lentement et laissa son amie passer avant de dire, un léger sourire sur les lèvres ;

Non, on ne s'en fout pas. Tu es vraiment la plus merveilleuse des meilleures amies Abby. Mais tu n'avais pas besoin de courir pour venir tu sais.

En effet, la jeune femme était tellement essoufflée que Natasha avait peur qu'elle ne tombe dans les pommes à cause de l'effort. Toutes les deux entrées, elles se rendirent dans le salon où la jeune profiler - car maintenant, elle était profiler et non plus une apprentie ! - invita son amie de longue date à s'assoir sur le canapé.

Tu veux boire quelque chose ? demanda-t-elle par politesse et soucieuse pour la santé de son amie.

Le regard de Natasha se voila légèrement, mais elle reprit le dessus et esquissa un autre sourire qui avait pour objectif de rassurer Abigail.

Je n'ai plus le droit d'avoir envie de te voir ?

Elle rencontra le regard de son amie et décida de jouer cartes sur table. Après tout, mentir à Abigail n'aurait servit à rien ; elle était certainement la personne qui la connaissait le mieux dans ce monde, tout comme Natasha connaissait Abigail par coeur. Le résultat de seize années passées à se côtoyer pratiquement jour et nuit, à se confier l'une à l'autre. A présent qu'elles avaient retrouver leur complicité d'antant, Natasha regrettait d'avoir rompu le contact sans même donner de raisons à son amie. Elle poussa un léger soupire.

C'est juste que je..., hésita-t-elle. Je ne veux pas rester toute seule... Je ne peux pas. Et comme j'ai déjà demandé à Aaron de rester avec moi hier et avant-hier... Et si je vais au Département, Strauss me chassera en moins de temps qu'il en faut pour le dire alors...

Elle marqua un temps. Maintenant qu'elle passait ses journées chez elle, elle avait l'impression d'être coupée du monde, d'être inutile, de n'avoir rien à faire. Sa vie d'agent du FBI et de profiler lui manquait. Reprenant contenance, elle encra son regard gris dans celui azur de son interlocutrice.

Alors, tu veux boire quelque chose ? répéta-t-elle.

Natasha connaissait trop Abigail pour se laisser duper par l'air détendu de la jeune femme ; quelque chose la tracassait. Elle lui tendait le verre, mais son amie ne semblait pas l'avoir remarqué et Natasha dût agiter le verre d'eau pour qu'elle lève les yeux vers elle, prenne le verre en murmurant un merci. Le regard gris de la jeune profiler s'attarda sur les mains de son amie. Il y avait quelque chose de changer, mais n'aurait sût dire quoi. Elle s'assit donc dans un fauteuil à son tour, ramenant une jambe contre, laissant son autre pied frôler le sol.

Je suis désolée de t'avoir inquiétée pour rien...

Abigail avala une gorgée d'eau et c'est à cet instant que Natasha la remarqua. La bague en or qui ornait le doigt de sa meilleure amie. Avant de faire une quelconque remarque, elle essaya de se souvenir si Abigail avait enlevé celle de son mariage avec Benjamin. Mais si elle se souvenait bien, oui, elle l'avait ôtée peu de temps après son divorce. Alors qu'est-ce que cette bague faisait à son doigt ? D'autant plus que ce n'était pas n'importe quel genre de bague ; il s'agissait, en effet, d'une bague de fiançailles ! Natasha haussa un sourcil, le regard posé sur la bague, indiquant ainsi à sa meilleure amie que malgré ses efforts, elle l'avait vu et qu'elle attendait de sa part quelques explications.

Du regard, elle remercia sa meilleure amie ; les années étaient passées, et pourtant, Abigail continuait d'être la meilleure, elle ne lui en avait pas voulu d'avoir cesser de lui parler aussi soudainement, d'avoir été froide lorsqu'elles s'étaient retrouvées, et elle se précipitait à chaque fois que Natasha en avait besoin. La profileur avait toujours eu l'impression de ne pas la mériter, mais avait toujours garder cette impression au fond d'elle-même, profitant de la chance qu'elle avait. Ce n'était pas donné à tout le monde d'avoir une amie en or comme l'était Abigail. Cependant, le petit aveu de son amie d'enfance la sortit de ses pensées. C'était comme si elle avait sauté plusieurs étapes, ou qu'elle était en pleine course pour finalement, foncer dans un mur qui la stopperait immédiatement dans son élan.

Elle détailla son interlocutrice, abasourdie ; une demande en mariage ? Alors que ça ne faisait pas un mois qu'ils se connaissaient ?! Waoh ! Nicolas était vraiment pressé. Sans qu'elle sache pourquoi, cet aveu fit réfléchir Natasha et son opinion sur l'actuel compagnon d'Abigail changea ; si, jusqu'à présent, elle l'avait trouvé charmant, cette demande beaucoup trop prématurée instaurait le doute et, positive comme l'était (ironie, ironie, quand tu nous tiens !) elle imagina presqu'immédiatement plusieurs plans que Nicolas pouvait manigancer contre Abigail. Et ça, la jeune profiler ne l'accepterait pas, oh non ! Personne, et elle disait bien, personne, n'approchait sa meilleure amie. Alors tenter de lui nuire, ou lui nuire d'une façon ou d'une autre, revenait à être conscient des représailles auxquelles on s'exposait. Natasha pouvait s'avérer extrêmement violente, lorsqu'elle le voulait...

Et, qu'as-tu répondu ?

Elle avait tenté de rendre sa voix le plus neutre possible, ne voulant pas tout de suite indiquer à Abigail ce qu'elle pensait sur cette demande.

Natasha eut une grimace désolée ; elle savait Ô combien sa meilleure amie avait souffert de son divorce, et elle la comprenait : bien qu'elle n'ait jamais été mariée, Natasha avait tout de même quelques expériences amoureuses pour savoir à quel point une rupture faisait mal. Elle acquiesça lentement.

Je comprends, c'est vrai que c'est trop tôt. Tu le connais depuis quoi... Trois semaines, un mois ? Vous avez encore plein de chose à apprendre l'un de l'autre.

Elle voulut rajouter autre chose, se retint. Elle ne voulait pas montrer à Abigail qu'elle l'avait, sans réellement le vouloir, profiler, et savait très bien que la jeune apprentie ne s'était encore pas totalement remise de son divorce. Ca se voyait, parler de Benjamin la troublait et Natasha en avait mal pour elle. Voir son amie dans un pareil état sans pouvoir y remédier la brisait de l'intérieur.

Tu vas le lui dire ?

Elle sous-entendait par là, dire à Nicolas qu'elle n'était pas encore prête à s'engager dans le mariage et tout ce que ça impliquait.