"Malade. Pour remonter le moral d'un malade, rire de son affection et nier ses souffrances."

Reid avait passé la matinée à la maison ; c'était son week-end, il en avait profité pour rester avec Veronica. En parlant de Veronica...Elle était restée au lit tout le temps. Il était 10 : 12 et elle n'avait toujours pas bougé d'un poil. Il lui fit donc ce qu'elle adorait : un chocolat chaud.
La tasse tiède à la main, il monta dans sa chambre. La porte était fermée, avec "Veronica" marqué dessus. Il l'ouvrit doucement, et murmura :

Veronica, ça va ?

Depuis la nuit, Véronica ne se sentait pas très bien. Elle avait des douleurs dans le ventre. Elle n'avait pas osé réveiller Spencer, il avait travaillé toute la semaine et Véronica savait à quel point le vendredi soir il était fatigué. Elle n'avait pas beaucoup dormi de la nuit, et elle qui d'habitude dès 9 heures était déjà réveillée, prête à profiter pleinement de sa journée, là elle était au lit, avec toujours cette même douleur au ventre. Elle était restée tellement longtemps avec cette douleur qu'elle en avait fini par pleurer. Quand son père l'appela, elle se redressa légèrement en frottant ses yeux rouges baigné par quelques larmes.

Oui, papa, ça va dit-elle d'une petite voix.

Quand Spencer entra, il comprit que quelque chose n'allait pas ; les rideaux étaient tirés et ne laissaient entrer qu'un fin rayon de lumière. Généralement, elle ouvrait grand les rideaux pour se "Réveiller en même temps que le soleil". De plus, elle avait dit ça avec une voix endormie : à moins qu'elle n'ait fait la fête hier soir dans son dos, elle était allée dormir à l'heure normale...Donc c'était étrange qu'elle soit si fatiguée. Il déposa la tasse sur le bureau de sa fille, et alla s'asseoir sur le rebord du lit. Il tourna les yeux vers Veronica, qui n'avait pas l'air bien du tout. Il fronça un sourcil, et posa sa main sur le genou de la petite fille.

Tu es sûre ? Ca n'a pas l'air d'aller.

Des larmes coulaient encore sur ses joues quand Spencer s'assit sur le rebord de lit de Véronica. Elle les essuya d'un revers de main. Mais la douleur était trop forte et ne faisait qu'empirer. Autant tout dire à son père, elle ne pouvait pas tenir toute la journée dans cet état, et de plus, elle ne savait pas mentir.

J'ai... J'ai mal au ventre dit-elle entre deux sanglots.

Spencer prit la température de Veronica : elle n'avait pas de fièvre. Grippe instestinale, indigestion ? Il ne savait pas trop. Il était profiler, pas médecin.

Ne bouge pas.

Réponse assez ironique. Dans son état, elle n'irait pas bien loin. Il alla dans la salle de bains, prit des cachets pour les maux de ventre et un verre d'eau. Retournant dans la chambre de sa fille (Qui n'avait pas cessé de pleurer. On aurait pu lui couper le coeur en deux avec un couteau rouillé que ça lui aurait fait le même effet.) et lui tendit les médicaments.

Tiens, bois ça, ça fera passer les douleurs.

Il caressa les cheveux blonds de Veronica, et lui sourit.

Véronica resta à moitié assise dans le lit, emmitoufflé dans les couvertures. Elle n'arrêtait pas de pleurer, se tordant pour essayer de faire passer la douleur. Quand Spencer revint dans la chambre, elle esquissa un léger sourire. Elle savait qu'il ferait tout pour l'aider et sa présence la rassurait.

Merci fit-elle doucement en prenant le verre et les médicaments.

Elle avala le cachet et but tout le verre d'eau en regardant Spencer. Maintenant, la phase la plus pénible : attendre que les cachets fassent effet.

Pendant que Veronica buvait les calmants, Spencer parcourut la chambre des yeux. Livres, poupées, dessins. Son regard s'arrêta sur la poupée préférée de Veronica. Celle qu'elle avait toujours à l'orphelinat. Elle lui avait donné son nom, avant, mais maintenant ? Il éjecta la poupée de son champs de vision quand il reposa son regard sur sa fille. Il remarqua que les yeux de Veronica étaient toujours baignés de larmes et qu'elle se tordait dans ses draps. Les calmants ne faisaient pas effet, à première vue... On voudrait être dans un conte de fée, par moment : un coup de baguette magique et pfouuuut ! Plus de douleurs.

Ca met un peu de temps à agir.

Il s'insulta intérieurement. Elle avait bien remarqué que ça mettait du temps à agir !

Tu aurais pu me réveiller, tu sais. Je ne t'aurais pas mangée.

Oui...Il préférait gâcher quelques minutes de sommeil pour Veronica. De toute manière, elle passerait toujours avant lui, et tous les deux le savaient très bien.

Véronica était toujours couchée dans son lit. Elle regardait dans le vide. Ne pas penser à la douleur... Ne pas penser à la douleur... Plus facile à dire qu'à faire. Elle se refrotta ses yeux qui lui piquaient à cause du manque de sommeil, et les larmes ne faisaient qu'empirer. Elle regarda son père puis baissa la tête.

Tu étais fatigué hier soir, je ne voulais pas te réveiller.

Il sourit. Veronica était vraiment adorable !

La prochaine fois, tu sais que tu peux me réveiller, alors.

Véronica baissa la tête, comme si elle avait fait une bêtise et qu'elle savait qu'elle allait se faire punir. Au bout de quelques minutes, le médicament faisait effet, elle avait déjà un peu moins mal au ventre. Ses yeux commençaient à se fermer tout seul. Bientôt, elle allait rejoindre Morphée et cet endroit merveilleux qu'on appelait "rêve" ou alors au contraire l'endroit détestable appelé "cauchemar".

Voyant que Veronica commençait à rejoindre le pays des rêves, Spencer sourit et lui reprit le verre des mains doucement. Il se leva en essayant de ne pas faire trop de bruit, remit la couette sur sa fille, et il reprit la tasse de chocolat chaud qui commençait à prendre la poussière sur le bureau.

Véronica s'était endormie mais elle ne voyageait pas dans le doux pays des rêves mais plutôt dans celui des cauchemars. Elle se voyait encore à l'orphelinat avec Karl qui lui demandait gentiement de le suivre. Elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'il voulait et donc elle le suivait, tenant dans ses bras sa poupée. Il la conduisit dans une pièce sombre avec comme simple meuble une chaise. Il lui demanda de s'assoir et elle s'exécuta. Et là il commença à la frapper. C'est seulement au bout du deuxième coup qu'elle se réveilla en hurlant "NON ! NON !".

Elle plia les jambes et enroula ses bras autour, posant sa tête sur ses genoux et pleurant à chaudes larmes. Décidément, aujourd'hui, tout allait de travers pour elle.

Spencer était redescendu et avait vidé la tasse de chocolat chaud. Vu qu'il n'avait rien à faire, il avait allumé la TV.
Malgré le son qui allait fort, il entendit les cris de Veronica. Elle faisait certainement un cauchemar, il ne s'alarmait plus. Il se souvint que la première fois qu'elle a hurlé ainsi, il était arrivé dans sa chambre, arme à la main, et il avait crié "FBI !". Ca avait valu les éclats de rire de sa fille. Il monta les escaliers, et Veronica pleurait, effectivement. Il s'assit sur le lit et la prit dans ses bras.

Ca va aller, calme-toi.

Elle faisait toujours le même cauchemar. Il comprennait, ce qu'elle avait vécu n'avait rien de doux. Après tout, il y a les rêves, qui sont la pour nous pousser à continuer, et il y a les cauchemars, qui nous ramènent à la réalité. Les cauchemars, tout le monde en faisait, et Spencer le savait.

La présence de Spencer avait fini par la calmer au bout de 5 minutes. Karl... Il la hantait toujours, presque chaque nuit. Elle se revoyait encore dans cette pièce sombre, mais elle, elle avait eu plus de chance, elle ne s'était pas retrouvé toute seule face à lui.

Véronica se blottit un peu plus contre Reid. Une question lui brûlait la langue, il fallait qu'elle lui demande, enfin si lui avait une réponse...

Papa... ?

Oui ?

Il sourit à Veronica (Bien qu'elle ne pouvait pas voir son visage) et remit une mèche de cheveux derrière son oreille. Il souriait souvent quand elle disait "papa", ce qui, pour lui, était certainement le plus beau mot au monde.

Dans combien de temps je ne ferais plus ce cauchemar ?

Véronica ne savait pas si son père avait une réponse et pourtant elle espérais. Elle espérais que Karl ne vienne plus hanter ses rêves presque toutes les nuits, que le cauchemar où elle se fait battre se transforme en un joli rêve où elle jouerai avec sa poupée, son père la regardant avec amusement... Combien de temps encore elle allait faire des cauchemars ?

Une des questions qu'il redoutait. Lui même ne savait pas ; des fois, des évènements passés revenaient le hanter. Combien de fois il ne s'était pas réveillé à cause du souvenir de l'anthrax ou de la prise d'otages avec Prentiss ? Il essaya de conserver son sourire.

A vrai dire...

Il marqua une pause. Comment décevoir un enfant ?

A vrai dire, je ne sais pas, mais...Tu n'as qu'à, avant de t'endormir, te dire que c'est finit. Et que jamais plus Karl ne te fera de mal.

Oui...Ce n'était pas vraiment un remède. Le cauchemar allait s'en aller par lui-même.

Véronica ne répondit pas, ayant un doute sur ce que venais de dire Spencer. Elle le savais très bien, Karl n'était pas mort, il a été arrêté et embarqué sous ses yeux. Et si une fois sorti de prison il reccomençait. Véronica chassa cette pensée de sa tête et restait dans les bras de son père le serrant même un peu plus fort de ses bras fins.

Reid resta là, assis avec Veronica dans ses bras. Comment mentir à un enfant ? Il était peut-être profiler, il ne savait pas mettre les cauchemars derrière barreaux. Il ne savait même pas chasser ses propres cauchemars...Sentant Veronica le serrer plus fort, il sourit. Apparemment, il n'était pas crédible. D'ailleurs, il ne l'avait jamais été. Il finissait toujours par dire la vérité. Après tout, elle savait aussi bien que lui que Karl était juste en prison. Maintenant, il avait fait la promesse, un soir, que si Karl sortait de prison, il prendrait Veronica à la BAU, et qu'il ne la quitterait plus une seconde. Après tout, c'était sa fille.

Ils restèrent de longues minutes ainsi, dans les bras l'un de l'autre. Même si Véronica resterait bien des heures dans les bras protecteurs de son père, elle se dégagea lentement de son étreinte. C'était le week end et elle voulait profiter le plus possible de son père comme il ne travaillait pas.

On pourrait aller au parc cet après-midi stp papa ?

Ils restèrent longtemps de les bras l'un de l'autre. C'est Veronica qui cassa l'étreinte mais resta néanmoins près de Reid. Il lui souriait, ne sachant que faire d'autre.

Bien sûr.

Après tout, dès qu'il prenait congé, il restait le plus longtemps possible avec elle et elle décidait souvent de ce qu'ils faisaient. Au final, il s'amusait autant qu'elle. Il savait pertinemment ce que ça faisait de ne pas avoir eu une enfance facile, alors il s'arrangeait comme il pouvait pour que celle de sa fille soit mieux que la sienne. Il n'était pas souvent là, mais engaeait les meilleures gardiennes pour elle, comme pour compenser son absence. Et il lui ramenait généralement un "souvenir" des villes où il allait avec la BAU, mais ça ne compensait qu'à moitié son absence.

Elle sourit, Véronica adorait passer ses après-midi au parc, à jouer sur les balançoires et à discuter avec les autres enfants - quand il y en a bien sûr. Le soir, après l'école, elle y passait souvent et jouait une petite heure puis rentrait à la maison, attendant impatiemment le retour de son père.

Je te montrerais comment je monte haut sur les balançoires dit la petite fille toute fière.

Il n'avait jamais vraiment accompagné Veronica au parc. C'était toujours sa gardienne qui y allait. Son travail lui prenait tout son temps. Pourtant, il n'hésitait pas à se glisser dans la chambre de l'enfant quand il rentrait trop tard pour lui dire bonne nuit. Et le week-end, s'il n'était pas parti, il n'allait jamais au parc. Enfin, il passait au travers mais ne s'arrêtait pas pour nourrir les canards ou pour jouer, comme ferait des gens normaux.

Je parie que tu touches presque les nuages tellement tu vas haut. Du moins, c'est ce que dis ta gardienne.

Ouiii, mais j'ose pas lever mes bras au ciel pour les attraper j'ai trop peur de tomber !!

Enfin ils allaient pouvoir passer une journée en famille. Pour une fois ça n'allait pas être sa gardienne qui allait la surveiller mais son père. Véronica avait déjà hâte d'aller au parc. Les moments qu'ils passaient que tous les deux étaient rares.

Véronica se retira de ses couvertures et se leva de son lit

Un sourire illumina son visage à la remarque de sa fille. Il se leva à son tour, et, supposant qu’elle allait s’habiller ou quelque chose du genre, descendit. Le petit déjeuner était déjà prêt sur la table depuis quelques temps maintenant, car il l’avait préparé avant qu’il aille voir Veronica. Il contempla un instant la table, avant de relever les yeux vers la cafetière. Il s’y dirigea, se prépara du café, et se servit une tasse du breuvage noir. Non, ça devenait une obsession ? Il en buvait tout le temps. Une addiction du café, dépendant au café. Note, c’était mieux que les narcotiques ou autre drogue, mais quand même…

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